Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso est une ville carrefour, peuplée
de divers groupes ethniques venant de l’intérieur du pays que de l’extérieur. Il en
résulte un brassage ethnique et culturel aboutissant parfois à des « brassages de
coeurs » et à la formation d’unions exogamiques. La présente étude utilise des données
issues de l’enquête sur les Modes de production, idéaux familiaux, coûts et bénéfices
de l’enfant, réseaux de solidarité et fécondité au Burkina Faso (EMIRCB) réalisée en
2021 dans l’Observatoire de population de Ouagadougou (OPO) et interroge la
dynamique de l’exogamie linguistique dans les familles ouagalaises sur quatre
générations. A travers des calculs du taux de couples linguistiquement exogames, les
résultats mettent en évidence une progression de la pratique de l’exogamie linguistique
à Ouagadougou d’une génération à l’autre. Ils montrent également que cette pratique
est plus marquée chez les non-mooréphones que chez les mooréphones. Enfin, le
profilage des enquêtés selon le type de couple révèle que ceux qui déclarent vivre dans
des couples linguistiquement exogames présentent un niveau d’instruction élevé,
utilisent fréquemment les médias (télévision, journaux, magazines) et les réseaux
sociaux. Ils résident principalement dans les zones loties, sont divorcés ou veufs.
Lorsqu’ils sont en couple, ils sont unis par un mariage monogame ou vivent en union
libre. Par ailleurs, ces enquêtés sont engagés dans des unions aux régimes civils,
religieux ou une combinaison de deux régimes (civil, religieux) ou de trois à la fois
(civil, religieux et coutumier). Leurs conjoints sont instruits et leurs couples évoluent
dans des ménages nucléaires et aisés.
exogamie linguistique, langue maternelle, Burkina Faso