Le discours sociologique peut-il être scientifique, et à quelles conditions ? Comment définir cette scientificité et les moyens d’y accéder ? En tant que contribution théorique alimentée de savoirs expérientiels, ce texte se propose de répondre à ces questionnements. La sociologie naissante, celle comtiste et durkheimienne a été constamment confrontée à de telles questions. En se proposant d’étudier scientifiquement le fait social suivant la logique des sciences de la nature, la sociologie créa la confusion et l’embarras au sein de la communauté scientifique. Les plus sceptiques et les plus radicaux y voient un acte de lèse-majesté, une attitude attentatoire à la connaissance objective, si fait que les critères poppériens de démarcation furent mobilisés pour lui refuser le statut de science. Les modérés, quant à eux, trouvent que la sociologie relève d’un mode spécifique de connaissance et, par conséquent, elle ne peut se construire à l’image des sciences de la nature. On a alors pu évoquer une « insularisation » de la sociologie, car l’application des méthodes qui ont fait leurs preuves dans les sciences de la nature y est délicate du fait de l’identité du sujet et de l’objet. Aujourd’hui, la sociologie se réclame sans complexe d’une épistémologie médiane, à mi-chemin qui la distingue à la fois de la forte modélisation à l’œuvre dans les sciences de la nature d’une part, d’autre part, d’un ensemble de pratiques discursives regroupées dans le sens commun.
épistémologie, sociologie, science, méthode, statut scientifique.