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Communautés locales, aires protégées et « terrorisme » au Burkina Faso : sources et appréhensions d’une dynamique de violences autour du complexe WAP de la Région de l’Est,
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Discipline: Sociologie
Auteur(s): Kaboré Alexis
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Renseignée par : KABORÉ Alexis
Résumé

L’Est Burkina Faso est, depuis 2018, sous l’emprise d’une violence dite “terroriste” si intense et répandue qu’elle a fait de cette partie du pays l’une des plus touchées par la crise sécuritaire. Pour infiltrer le milieu, s'implanter et étendre leur présence et activité à l’ensemble de la région, les groupes armés “terroristes” ont usé d’une stratégie consistant en l’endogénéisation du conflit: ils ont repris à leur compte des critiques que les populations locales n’ont cessé d’opposer à la politique d’aires fauniques protégées appliquée par l’Etat à une large part de leurs territoires. Des expulsions aux dégâts de cultures en passant par les négations d’autorité et la répression, les violences d’aires protégées constituent l’un des piliers essentiels de l’argumentaire de ces groupes pour enrôler des alliés et des combattants au sein des communautés et prendre le contrôle de ce continuum d’espaces de conservation de la faune dit complexe WAP, un des plus importants massifs forestiers d’Afrique d’Ouest. L’objectif de cet article est de déterminer ce qui est précisément réprouvé par les populations pour que beaucoup d’entre elles réagissent par les plaintes persistantes, le braconnage, le pâturage illégal et, à présent, la coopération volontaire avec les réseaux « terroristes ». La démarche de production et d’interprétation des données combine enquête anthropologique de terrain et enquête à distance. Il en résulte que la violence dénoncée revêt trois formes principales : « directes », « structurelles » et « culturelles » selon la typologie de Johan Galtung (1990). Elle trouve ses sources dans les fondements ontologiques du modèle de conservation et de sa contestation par les communautés locales (Philippe Descola (2005 ; Bruno Latour, 1991). Un tel diagnostic approfondi est une nécessité pour les réflexions sur l’idée d’une « conservation non violente » (Maano et alii, 2022), mais également pour l’atteinte des objectifs de pacification de la région.

Mots-clés

aires protégées, « conservation non violente », « normes pratiques », ontologie, « triangle de violence ».

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