La question de l’État en Afrique a constitué une des préoccupations des observateurs de la scène politique africaine au lendemain des indépendances de 1960. La construction de l’État-nation et la forme de l’État à promouvoir ont été au centre des débats politiques des élites qui luttèrent pour l’indépendance. De part et d’autre sur le continent, les tentatives sont nombreuses et les visions divergentes sur la question des régimes politiques convenables à la situation de l’Afrique qui commençait de faire ses premiers pas dans la gestion de la souveraineté nationale. D’aucuns, favorables au système monopartisan, ont vu dans le parti unique, la voie royale de réalisation de l’unité nationale mise à mal par l’État colonial. D’autres, plus soucieux de démocratie, ont préféré laisser s’exprimer les différentes sensibilités politiques. Mais assez rapidement, l’instabilité politique du fait de l’intervention fréquente de l’armée dans la gestion du pouvoir a été le mode privilégié de l’alternance dans la plupart des États ouest-africains. A l’exception du Sénégal, tous les pays d’Afrique de l’Ouest ont fait l’expérience du coup d’État militaire qui vient rompre le cours normal d’une gestion de l’État qui se voulait démocratique malgré les imperfections. Cette instabilité conjuguée aux crises économiques récurrentes qui en sont souvent la cause achève de donner un caractère prophétique à l’affirmation de l’agronome français, René Dumont, selon laquelle l’Afrique noire est mal partie.
Afrique de l'Ouest, Etat, pouvoir, démocratie