Les courants migratoires orientés vers le Sénégal sont peu connus parmi ceux
d’Afrique Occidentale Française ayant mobilisé des travailleurs migrants voltaïques. À côté des
courants migratoires majeurs des Voltaïques, orientés vers la Côte d’Ivoire, le Soudan français
et la Gold Coast, ont existé des migrations de travail vers le Sénégal. Le statut de « réservoir de
main-d’oeuvre » donné à la Haute-Volta coloniale a prévalu aux migrations de travail, le plus
souvent sous contrainte, de Voltaïques sur le gigantesque chantier colonial du chemin de fer
Thiès-Kayes. La pénibilité du travail sur ce chantier d’infrastructure de transport a causé des
drames humains comme celui qui a eu lieu à Bouinguel Bamba. La localité de Diyabougou
Mossi, appelée aussi Kipoussoulé ou encore Km 609, a été créée dans le contexte d’une saga
familiale de travailleurs migrants du chantier de construction du chemin de fer Thiès-Kayes.
Les péripéties de la vie des frères Sawadogo les ont conduits du Yatenga au Boundou dans le
Sénégal oriental. De nos jours, leurs descendants, Sénégalais d’origine burkinabè, assument
aussi bien leur citoyenneté sénégalaise que leurs liens familiaux et affectifs avec le Burkina
Faso. Cette étude analyse le courant migratoire des Voltaïques vers le Sénégal dans le cadre de
la construction de la ligne ferroviaire Thiès-Kayes et son corollaire qu’a été la création d’une
localité par des migrants définitifs. Pour ce faire, au plan méthodologique, nous avons privilégié
les sources de première main telles les archives et les témoignages oraux. Les résultats de
l’étude montre une participation très significative des travailleurs migrants voltaïques dans la
construction de la voie ferrée Thiès-Kayes et les contours de la création d’une localité dont le
toponyme illustre l’implantation définitive de migrants voltaïques de l’ethnie moaaga (mossi).

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