Introduction : La myasthénie auto-immune est peu connue, sous diagnostiquée et son profil clinique, paraclinique et évolutif est assez méconnu en Afrique sub saharienne. La présente étude avait pour but de décrire les modalités thérapeutiques et évolutives de la myasthénie auto-immune au Burkina Faso.
Patients et méthodes : Il s’est agi d’une étude préliminaire, longitudinale, descriptive, multicentrique réalisée dans les différentes structures de santé du Burkina Faso, de mars 2015 à avril 2023. L’étude a concerné les patients qui avaient une symptomatologie clinique évocatrice de myasthénie, associée à la présence dans le sérum d'anticorps (Ac) anti-RACh (anti-récepteurs de l’acétyl choline) et/ou d'Ac anti-MuSK (anti-muscles specific kinase) et/ou la présence d'un décrément >10% à l’électroneuromyographie de stimulation répétitive et/ou un test thérapeutique positif aux anticholinesthérasiques oraux. Les données ont été analysées, grâce au logiciel Epi- info 7.2.5.0. Le test de Ki carré et le test t-Student ont respectivement été utilisés pour la comparaison des variables qualitatives et des variables quantitatives.
Résultats : En tout, 40 patients ont été colligés, avec une prédominance féminine (60%), et une moyenne d’âge de début de 26,6 ans. Le délai moyen de diagnostic était 22,4 mois. A l’admission, 17 patients (42,5%) avaient une fatigabilité musculaire sévère (SMM ≤ 50 points/100) et 16 patients (40%) étaient au stade de myasthénie généralisée sévère (stade IV de la MGFA). Sur 33 patients ayant eu un dosage sérique, il y avait 22 cas séropositifs pour les Ac anti RACh (66,7%) et 4 cas séropositifs pour les Ac anti MuSK (12,1%). Une hyperplasie thymique et un thymome ont été retrouvés respectivement chez 22 patients (57,9%) et 6 patients (15,8%). Seuls 10% des patients ont bénéficié d’un traitement par immunoglobulines IV ou par échanges plasmatiques et une thymectomie chirurgicale a été réalisée dans 40%. Un traitement de fond par prednisone et/ou par azathioprine a été employé chez 37 patients (92,5%). A l’issue d’un suivi ambulatoire moyen de 52,7 mois, 6 patients sont décédés (15%), 14 patients (35%) étaient en rémission clinique stable, 17 patients (42,5%) étaient partiellement améliorés et 3 patients (7,5%) gardaient un état clinique stationnaire.
Conclusion : un plaidoyer pour rendre disponibles et accessibles les examens immunologiques et les traitements par immunoglobulines IV et les échanges plasmatiques en Afrique sub saharienne, est indispensable afin d’améliorer le pronostic des patients atteints de myasthénie auto-immune.
Myasthénie auto-immune ; Ac anti RACh ; Ac anti MuSK ; Thymome ; MGFA IV ; corticoïdes/azathioprine ; Immunoglobulines IV ; Décès ; Rémission clinique stable ; Burkina Faso