Au Burkina Faso, plusieurs centres d’hébergement collectifs ont accueilli plusieurs personnes accusées de sorcellerie à la suite de leur exclusion des communautés. Dans ces centres, elles bénéficient d’une prise en charge globale y compris les services funéraires. À partir des enquêtes ethnographiques récentes et des archives de recherche personnelle, cet article se propose d’explorer la perception de la mort chez les femmes vivant dans ces centres. La mort est un aspect structurant de l’expérience collective et individuelle de l’accusation de la sorcellerie avant leur rentrée dans le centre. Une fois à l’intérieur, leurs conditions de vie prennent la forme d’une mort sociale et elles acquièrent un nouveau statut social : celui de l’indésirable et du sans deuil. La mort au centre est la plus redoutée, car la plus indigne d’une finitude humaine. Mourir au centre, équivaut à perdre son individualité, son ancestralité par un enterrement public qui dessaisit la famille de son rôle traditionnel de gestion de la dépouille mortelle. Cet article apporte une contribution importante à une anthropologie des économies morales, articulée à une biopolitique des sans deuil.
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