Depuis ses débuts en 2014, l’œuvre de Louise O’Neill a suscité une
réception critique controversée. Si certains critiques soulignent une
exploration poignante de l’oppression des femmes dans la société
occidentale contemporaine, d’autres déplorent une vision pessimiste du
patriarcat en Irlande et une incapacité à subvertir les conceptions
traditionnelles de la fémininité. Une question demeure cependant :
pourquoi cette tension persiste-t-elle ? En s’appuyant sur des références
intertextuelles avec La Servante Écarlate de Margaret Atwood et sur la
théorie postféministe, cette étude examine les stratégies narratives et
les politiques qui sous-tendent la caractérisation d’O’Neill et soutient que
sa représentation des femmes s’inscrit dans le parcours pessimiste de
résistance typique du protagoniste dystopique, une stratégie narrative
qu’elle déploie pour exposer les pièges de la féminité postféministe. Ainsi,
cette étude situe l’écriture d’O’Neill dans la tradition dystopique mais met
également en évidence la dystopie comme un mode littéraire flexible qui
renforce la critique des idéologies postféministes.
Louise O’Neill, dystopie, postféminisme, Margaret Atwood, La Servante Écarlate