Signe des temps modernes, le phénomène de la mobilité humaine n’est pas nouveau dans le roman africain qui, depuis les origines s’est beaucoup intéressé au binarisme spatial entre ville et campagne où on assistait à l’évolution des protagonistes des récits sous une forme de va-et-vient incessants entre les deux pôles (ville/campagne). À l’évidence, l’essence même de l’existence humaine s’inscrit dans une dynamique de mobilité et de l’action. Réalité sociale que vivent tous les peuples en fonction des époques dans le temps et dans l’espace. Selon l’expression métaphorique de Zygmunt Bauman, nous sommes aujourd’hui, à l’ère de la « société liquide » qui se caractérise par une crise humaine et sociétale. Contexte social où l’espace et le temps sont soumis à une dissolution effervescente avec la remise en cause du statut culturel et identitaire de l’homme pris dans la tourmente des flux globaux démographiques et migratoires d’ici et d’ailleurs. L’écriture romanesque de la burkinabè Monique Ilboudo s’inscrit en partie dans une optique de la mobilité humaine où certains personnages vivant un drame existentiel ou une crise identitaire sont appelés à s’engager dans une quête qui fait d’eux des sujets de l’exode, de la transhumance humaine, de la traversée et de l’immigration. En réalité, la trilogie romanesque de cette écrivaine (Le Mal de peau, Murekatete, et Si loin de ma vie) est parcourue de manière transversale par une mobilité humano-spatiale. L’ambition de la présente réflexion est d’expliquer entre autres, comment cette écrivaine aborde la question de la mobilité ? Comment cette mobilité investie son écriture ? Quel est le statut identitaire des protagonistes de ses œuvres ? Dans quelle mesure peut-on parler ici de la mobilité spatiale ? Pourquoi cette écrivaine, s’intéresse-t-elle autant à cette problématique ? Quel type de poétique migratoire propose-t-elle au lecteur ?

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