La parenté à plaisanterie fait partie de ces savoirs locaux propres aux populations de l’Afrique de l’Ouest en général, et du Burkina Faso en particulier. Le présent article s’interroge sur son sens, son origine et sa fonction au sein de la société burkinabè, et se préoccupe de savoir si elle peut constituer un levier de la cohésion sociale et du vivre-ensemble. L’expression « parenté à plaisanterie » ne rend pas suffisamment compte de cette pratique appelée "rakire" en mooré, ou "sanankouya" en bamanan. Son but n’est pas seulement la plaisanterie ou la jubilation, mais va au-delà pour être un creuset de la cohésion sociale et du vivre-ensemble. Pratiquée à différents niveaux de la vie sociale burkinabè, elle est une valeur endogène qui permet de prévenir les crises sociales, ou de les résoudre. Elle vise avant tout la préservation d’une harmonie dans les relations sociales. Elle permet de réguler les tensions sociales et de pacifier les rapports entre individus et entre communautés. Sa fonction essentielle est la médiation. Elle apparaît comme une pratique expiatoire permettant de panser les plaies de la société et de transcender les moments difficiles de la vie. C’est un véritable art de vivre ensemble. Il est possible de la mettre en œuvre et de l’adapter à la réalité actuelle de la société burkinabè en proie à de multiples crises et dont la cohésion est mise à rude épreuve par le phénomène terroriste. Il est possible de créer de nouvelles formes de parentés à plaisanterie en dehors de celles qui existent déjà en vue de capitaliser les acquis et de favoriser la cohésion sociale. Levier du vivre-ensemble et de la cohésion sociale, la parenté à plaisanterie est partie intégrante de l’identité burkinabè et peut contribuer à l’édification de l’État-nation. Il convient par conséquent de la préserver et de la valoriser.
parenté à plaisanterie, Burkina Faso, vivre-ensemble, cohésion sociale, médiation.