Ce texte débute par un constat : on retrouve dans des milieux assez divers que le monde politique, la société civile, les acteurs religieux et coutumiers, le discours selon lequel la cohésion sociale a volé en éclat au Burkina Faso pendant ces cinq dernières années. Ce discours, repris et amplifié par les médias, surtout après le drame de Yirgou, insiste sur les incertitudes de la « coexistence naturelle » et de l’unité nationale. Certains acteurs politiques et sociaux lient la fracture sociale au déclin de la morale et des valeurs traditionnelles. Le rétablissement de relations sociales stables ne peut reposer à l’évidence que sur les assises éthiques du passé. En soutenant l’hypothèse que la cohésion d’une société prend appui sur les valeurs et les hommes de son temps, et en analysant le concept dans la longue durée, cet article met en question la survalorisation du passé dans les discours et pratiques actuels sur la cohésion sociale.
Burkina Faso, histoire, société, conflits, cohésion sociale