Au nom de la gestion rationnelle des ressources naturelles, les pays africains ont affecté des statuts particuliers à différentes portions de terres. Au Burkina Faso, on distingue principalement les forêts classées d’une part et les forêts protégées de l’autre. Dans l’un ou l’autre type, il existe des restrictions d’accès aux ressources qui touchent les communautés riveraines et toute la population dans son ensemble. Pourtant, la forêt présente, dans la cosmogonie traditionnelle, une particularité qui fait d’elle un lieu incontournable pour la réalisation de certains besoins existentiels. Siège des esprits et des divinités, la forêt est considérée comme un lieu fort de la spiritualité traditionnelle africaine. C’est partant de cet état de fait que cette étude, prenant comme point d’ancrage la forêt classée de Gonsé au Burkina Faso, explore les pratiques des populations dont la forêt fait l’objet dans le domaine de la spiritualité. A partir d’une approche socio-anthropologique faite d’observation dans la forêt, d’entretiens individuels et de focus group dans les villages riverains, mais aussi avec les services techniques étatiques chargés de l’administration quotidienne de la forêt, cette réflexion aboutit aux conclusions selon lesquelles la forêt, en dépit de son appropriation par l’Etat, est enracinée dans les représentations sociales du terroir traditionnel des populations riveraines qui la considère comme un prolongement de ce terroir traditionnel. De ce fait, l’accès à cet espace se présente comme une nécessité au regard de son caractère central dans les croyances locales où elle symbolise le lieu des esprits par excellence, mais aussi des divinités. Plusieurs objets et symboles rituels comme les autels sacrificiels et les offrandes témoigne de la vivacité de ces croyances et de l’effectivité des pratiques sociales dans cet espace « interdit ».
Gouvernance environnementale, Forêt classée de Gonsé, Spiritualité, Identité culturelle, Croyances religieuses