Le rapport entre la production cotonnière et la sécurité alimentaire est au cœur d’un débat non encore tranché. Détracteurs et laudateurs du coton rivalisent de schémas d’analyse qui tirent plus leur fondement d’une rhétorique qui laisse peu de place à la description de la situation réelle. Ainsi, le coton est souvent présenté comme une spéculation qui « se nourrit de la famine ». Face à de telles considérations, les disettes qui sévissent dans des zones de production cotonnière suscitent des interrogations somme toute légitimes chez les détracteurs : comment expliquer alors que malgré les revenus conséquents tirés de la vente du coton, les producteurs crient famine ? Ce chapitre, à travers une démarche qualitative basée sur des entretiens avec divers acteurs, se propose d’alimenter un débat théorique par des données empiriques tirées du quotidien des producteurs de la commune rurale de Tambaga au Burkina Faso. Cette perspective vise à rompre avec les conjectures, en partant des interrelations que les ménages producteurs établissent entre leurs situations et l’activité de production du coton. Il apparait alors que la faim des producteurs de coton n’est pas seulement biologique ; elle est aussi sociale. Elle s’incruste dans les pratiques socio-culturelles qui permettaient aux ménages de gagner la « bataille de la faim ». En outre, cela a entraîné la disparition des greniers, symboles de sécurité et de prévoyance alimentaire. Cela a accru leur vulnérabilité, exposant les ménages à l’insécurité alimentaire.
Sécurité alimentaire, Insécurité alimentaire, Faim, Culture cotonnière, Cultures vivrières